Action de la police française censurée
Le papier sortit ainsi finalement illustré des seules images choisies par la Chancellerie. Paris-Match appartient également à Lagardère. Pas Matin Plus. Comme Direct Soir, ce quotidien gratuit très bas de gamme est la propriété de Vincent Bolloré, désormais bien connu comme armateur privé de la présidence. Pourquoi évoquer Matin Plus ? C’est qu’une troisième affaire de censure - et le règne n’a débuté que le 6 mai ! - le concerne. Elle est révélée par l’excellent site d’information Rue89. Il s’agit d’un article de Courrier International qui devait être publié dans les colonnes du journal de Bolloré, aux termes d’un accord de fourniture de contenu conclu entre les deux titres.
Ce papier, signé par un ancien consul hongrois à Paris, dans le quotidien Magyar Hírlap, puis traduit et publié par Courrier International, narrait la mésaventure survenue au groupe Romengo, vainqueur de la Star Ac’ hongroise, au retour d’un concert à Sablé-sur-Sarthe, peu avant d’embarquer pour Budapest. "Les policiers trouvent l’un des étuis de guitare suspect, retiennent les musiciens, font attendre pendant des heures les autres passagers de l’avion. La fouille s’éternise, on passe à des interrogatoires laborieux, puis subitement les policiers disparaissent, sans donner plus d’explications. Lorsque les musiciens montent enfin dans l’avion, c’est le commandant de bord qui, d’autorité, leur interdit de prendre son vol. Les Roms passent la nuit à l’aéroport et ne repartent que le lendemain sur un autre vol vers Budapest, où ils ne manquent pas de raconter leurs péripéties à la presse", raconte sur son blog Alexandre Lévy, chef du service Europe de l’Est de Courrier International, qui dénonce une "petite censure franche et décomplexée". Parce que, vous l’avez compris, l’article sera "trappé" et ne paraîtra jamais dans Matin Plus. Motif ? "On ne peut pas parler de la sorte de la police française !" aurait lâché Vincent Bolloré lui-même.
L’intersyndicale des journalistes de Courrier International demande à la direction de l’hebdomadaire et à celle du groupe Le Monde, auquel il appartient, de "faire respecter la liberté d’expression et l’indépendance éditoriale, correspondant aux principes de la profession, du groupe et du titre." Mais on dirait que les amis de Nicolas Sarkozy n’aiment pas beaucoup la presse libre.
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